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 Et crever de soif dans la montagne
 Plonger à poil dans les torrents
 Marcher dans l'herbe jusqu'à la taille
 Et avaler de la poussière
 Pisser sur une fourmilière   
 Il prend son temps Des ampoules aux talons
 Et y'en a qui courent comme des coupables
 Y'en à qui roupillent comme des lézards
 Lui il savoure l'inexplicable
 Il fait la route comme un pel'rin
 Et il continue il continue
 Les yeux ouverts sans ticket de retour
 Et tendre le pouce assis dans la mousse
 Coucher sur la paille avec une odeur animale
 Comme un nomade en rade un croisé sans croisade
 Et pas de plan et pas de bataille
 Il a lâché le gouvernail
 Et sa barque dérive au grès des courants nonchalants
 Il veut pas succomber comme une branche qui va tomber
 En attendant la r'traite avec une bouillotte électrique
 En r'gardant par la f'nètre comme un Bernard Lermite
 Y'en a qui discutent et qui f'ront jamais rien
 Y'en a qu'on pas d'but et qui dissent y'a rien d'bien
 Mais on  est si p'tit dans la montagne.              
 Et se laver dans l'eau froide des fontaines
 Gagner trois ronds ici en boulot saisonnier
 Tout devient possible quand on est pas attaché
 Et s'arrêter pour croquer une tomate
 Ou un bout de fromage un canif à cinq lames
 Dans le fond de la poche et pas de compte à rendre
 Il fait de mal à personne naïf et utopique
 Il préfère faire la route faire la route sans étique
 Il est jamais sorti de ce vieux rêve beatnik
 Il don'rait le peu qu'il a plutôt que de se battre
 Il a pas peur d'être pauvre
 Y'a pas de frontière la nuit sous l'étoile polaire  
 On d'vient si vite l'esclave de ses esclaves dit-il
 Il préfère la route collée à ses s'melles tant qu'il n'a pas de rhumatisme
 Il préfère la route la route la route
 la route la route la route la route
 la route la route la route la route  
  Finale : / /   /   / / / /